Limoges, rue de l’Abbessaille
Aquarelle et rehauts argentés sur papier, 37,1 × 26,4 cm.
Dépôt du musée national Adrien Dubouché au musée des Beaux-Arts de Limoges.
L’œuvre et le territoire
Adrien Palisson représente ici le quartier populaire de l’Abbessaille, situé tout près de la Vienne — on aperçoit le pont Saint-Étienne à l’arrière-plan.
La gauche de la rue Saint-Étienne, en suivant les rues Saint-Domnolet, des Roches et le quai de la Vienne, constitue ce qu’à Limoges on nomme encore l’Abbessaille. C’est un pêle-mêle de constructions moitié cage, moitié masure, étagées en escalier, coupées de ruelles et d’impasses tortueuses, malpropres, enchevêtrées comme les couloirs d’un labyrinthe antique.
Cette vue témoigne d’une époque qui s’achève. La rue de l’Abbessaille est emblématique du vieux Limoges qui, au nom de préoccupations hygiénistes, disparaît au tournant du siècle. En effet, tout comme les quartiers du Viraclaud ou du Verdurier, insalubres, détruits dans les années 1890-1900, l’Abbessaille est profondément remodelée quelques années après la signature du tableau, ce dont Paul-Laurent Courtot rend compte en représentant L’Abbessaille et le Rajat en 1901.
Je revois les bicoques branlantes aux silhouettes incertaines ; ces pampres qui, partis du petit jardin du poète, allaient s’accrocher aux torchis espacés ; je vois aussi la chatte épiant un passereau ou gobant de ténus moucherons ; et les portes avec leur marteaux centenaires mangés de rouille, je les revois aussi. Et une mélancolie me vient à penser que cela entre dans le définitif.