Le Vin des vendangeurs La nuit tombait...
Robert Margerit, Le Vin des vendangeurs, Éditions Colbert, 1946, p. 91.
La nuit tombait ; l’atelier n’était pas éclairé ; simplement une ampoule cachée sous le socle d’une grande bombonne transformée en aquarium, répandait une faible lueur dans laquelle évoluaient lentement des cyprins dorés et des poissons chinois à queue « de voile ». Par la baie ouverte de tous ses panneaux, entraient les dernières lueurs du crépuscule luttant avec celle des lampadaires de la place. On voyait les marronniers qui bordent celle-ci, du côté du boulevard, élever le mur de leurs frondaisons nouvelles sur le ciel noircissant où parfois se réverbérait quelque éclair produit par le passage des trams. Le ferraillement de ceux-ci arrivait, atténué et se mêlait aux accents lointains d’une romance nasillée par le phonographe de l’éternel marchand de disques de la rue Jean-Jaurès.
L’œuvre et le territoire
Les marronniers occupaient l’emplacement des boutiques et de l’hôtel actuels qui surplombent le boulevard Carnot.
À propos de Le Vin des vendangeurs
Bien qu’il soit paru en 1946, Le Vin des vendangeurs a été conçu et ébauché beaucoup plus tôt. Dans ce roman d’apprentissage qui se déroule à Limoges, l’accent est mis principalement sur deux jeunes étudiants qui cherchent leur voie, Sylvain Lazare dans la peinture et Philippe Mora dans l’écriture. On retrouve ainsi avec intérêt les deux facettes de Robert Margerit qui oscilla entre ces deux passions.
Parallèlement se poursuit leur « éducation du cœur et des sens » auprès de personnages féminins qui annoncent les romans à venir : la femme mûre, « païenne et intelligente », la jeune femme vénéneuse et exclusive, mais aussi la jeune fille encore candide qui promet un bonheur simple.
Localisation
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