Tour de France des villes incomprises La grande place Bonnyaud...
Vincent Noyoux, Tour de France des villes incomprises, Éditions du Trésor, 2016, p. 43-44.
La grande place Bonnyaud résume bien l’identité de la ville : d’un côté l’imposante mairie, tel un palais de granit stalinien, à côté le palais de justice et en face la cité administrative, qui regroupe tout un tas d’organes aux noms évocateurs : la Police nationale, la Délégation militaire départementale (DMD), l’unité territoriale de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), la Délégation départementale de l’action sociale des finances, la Mutuelle générale de l’environnement et du territoire (MGET), la Mutuelle générale des personnels de l’agriculture et des organismes rattachés (SMAR), le Service départemental de l’information générale (SDIG). Ma préférence va à la SMAR, mais j’aime bien aussi la DREAL pour son acronyme en poupées russes. Je suis sûr qu’en cherchant bien, il doit exister ici quelque chose comme la Direction territoriale de la mutuelle générale de l’action sociale régionale et des organismes rattachés (DTMGASROR). Guéret est une ville administrative, elle a ça dans le sang. Pas d’usine, pas de grosse entreprise, pas de filière économique, un patrimoine rikiki, une vie culturelle modeste, une vie nocturne lilliputienne, mais alors une passion pour la fonction publique ! À vous faire tomber Kafka en syncope. La préfecture est à deux pas de la cité administrative, et juste à côté, bien sûr : le conseil général. La place Bonnyaud présente sûrement la plus forte concentration de fonctionnaires du globe derrière Bruxelles.
L’œuvre et le territoire
L’auteur rend compte dans cet extrait de ces impressions une fois effectivement arrivé à Guéret.
Les deux premières heures que l’on passe à Guéret, convenons-en, ne sont pas des plus joyeuses — pas de chance, on y reste rarement plus d’une heure.
Vincent Noyoux propose ici une description grinçante de la place principale de Guéret, dont il dépeint le prétendu mono-fonctionnalisme de façon volontairement exagérée. Ce procédé constitue sans doute aussi un moyen de souligner par l’absurde combien la fonction administrative compte dans le paysage économique des petites villes de provinces.
À propos de Tour de France des villes incomprises
Avec son Tour de France des villes incomprises, Vincent Noyoux part à la découverte de douze villes françaises (Cergy, Châtel-Guyon, Cholet, Draguignan, Guéret, Maubeuge, Mulhouse, Saint-Nazaire, la vallée de la Fensch, Verdun, Vesoul et Vierzon), présentées comme « incomprises » en raison d’une réputation négative que l’auteur entend éprouver. L’objectif est d’expérimenter de façon sensible ces destinations inattendues, notamment par des rencontres avec des habitants, afin de les comprendre et, si possible, les réhabiliter.
Lors de son escapade en Creuse, Vincent Noyoux visite Guéret ; il en rencontre des habitants, dont Baptiste Ridoux en charge de la Quincaillerie numérique ou Hugues Bachelot qui lui parle de la « gloire locale » controversée, Marcel Jouhandeau. Il se rend également dans la vallée des Peintres, près de Crozant.
Localisation
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