Quelqu’un s’approche Je connaissais par cœur...
Mathieu Riboulet, Quelqu’un s’approche, Éditions Maurice Nadeau, 2000, p. 75.
Je connaissais par cœur les quelques kilomètres qui menaient à Magnat, et pourtant jamais ils ne m’avaient paru aussi tortueux, malaimables, rugueux. On aurait dit que les responsables du tracé de la route s’étaient évertués à ne lui faire emprunter que les versants nord des pentes et les fonds de vallées perpétuellement humides ; les versants sud, eux, étaient rongés par les sapins qu’on s’était mis à planter à l’orée du siècle pour valoriser ces terres déshéritées et qui désormais proliféraient à tort et à travers, nous dévorant d’ombre et de mousse. Plus on s’approchait du plateau, plus la terre se plissait, plus les plis s’imbriquaient, tantôt d’est en ouest, l’instant d’après du nord au sud, paysage plus que jamais sur la défensive, déterminé à monnayer ses charmes au prix du renoncement, d’un soupçon de crainte, d’une émotion très brute.
L’œuvre et le territoire
Mathieu Riboulet évoque ici la route de Longeaigue à Magnat-l’Étrange.
À propos de Quelqu’un s’approche
Le narrateur est amoureux d’Étienne mais ne connaît pas sa famille. Quand il se décide à les rencontrer, il s’attend à être regardé en bête curieuse ou à être questionné. Mais la mère, qui porte quelques secrets de famille, tout comme le beau-frère, un peu allumeur, vont se comporter d’une façon étonnante.
Ce texte élégant nous livre une minutieuse étude sur un milieu rural injustement méconnu, tout en décryptant avec finesse le trouble des autres face à deux hommes qui s’aiment.
(éditions Verdier)
Localisation
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